EZHEKIEL RYAN-HODGE, drôle de patronyme me direz vous ; pour le nom de famille passe encore, il s'agit juste du nom de son père et celui de sa mère, par contre pour le prénom c'est une autre histoire. Croyez-y si vous voulez, mais sa mère a toujours cru aux anges et à tous ces trucs un peu fabuleux, et allez savoir pourquoi elle a choisis de donner à ses enfants des noms plus ou moins angéliques, mais soyons honnêtes, c'est juste infernal de porter un prénom pareil et de l'assumer. Autant dire tout de suite qu'il déteste son prénom, mais encore lui il a de la chance, car sa soeur est encore moins aidée que lui. Bref pour retourner à nos moutons, Ezhékiel a vingt-cinq ans, mais pas vraiment toutes ses dents puisqu'on lui a enlevé les dents de sagesse, si si ça a de l'importance. C'est un pur américain, son père est originaire de Seattle et sa mère de Chicago, donc quoi de plus normal qu'ils se soient installés à Dallas pour fonder leur petite famille. Et autant dire tout de suite que ça n'a pas marché. Oh bien sûr ils ont eu deux beaux enfants, dont Ezhékiel est l'ainé, mais la vie c'est la vie est tout le monde sait à quel point elle peut être injuste. En effet son père est parti avec une autre femme, plus jeune, plus dynamique avec qui il pouvait construire autre chose ; et sa mère a fini par sombrer dans une espèce de folie psychotique. Bref tout ça pour dire que les Ryan-Hodge ne sont pas vraiment un exemple de famille unie, ils sont même tout le contraire. Aujourd'hui Ezhékiel vit à Santa Barbara depuis maintenant trois ans, il s'y est en effet installé avec sa soeur afin d'essayer de prendre un nouveau départ ; ce n'est pas toujours la joie mais c'est un battant et il va tout faire pour que ça marche. Il gagne actuellement sa vie en travaillant comme mécanicien, il n'avait jamais pensé finir dans un garage les mains dans le cambouis mais finalement ce n'est peut-être pas plus mal. Il avait commencé des études de droit, ça marchait plutôt bien et il restait positif quant à son avenir, mais la situation de sa mère est devenue de plus en plus critique ; il a dû la mettre dans un centre spécialisé et s'occuper seul de sa petite soeur. Et comme les études d'avocat ne sont pas rémunérées il a enchaîné les petits boulots avant de se faire embaucher dans un garage. Qui aurait pu croire qu'il avait des talents cachés de mécanicien ? Certainement pas lui. Mais la vérité c'est qu'il est plutôt agile de ses mains et qu'il se débrouille assez bien, il y a même pris goût c'est pour dire. C'est un éternel célibataire, c'est pas qu'il ne recherche pas de relation ou quoique ce soit, c'est juste qu'il n'a jamais vraiment eu de chance de ce côté là. La seule fois où il est vraiment tombé amoureux c'était de sa prof d'espagnol à la fac, ils ont d'ailleurs entamés une liaison mais elle a tout plaqué du jour au lendemain pour partir on ne sait où. Et depuis il n'a pas eu l'occasion de s'engager de nouveau, il faut dire aussi qu'entre son travail au garage et son travail relationnel auprès de sa soeur ne lui laisse pas vraiment de temps pour penser à ce genre de choses. Surtout que sa soeur aime bien lui mettre des bâtons dans les roues en ce qui concerne ce domaine, elle peut en effet se montrer assez possessive et jalouse, à croire que finalement, malgré tous leurs différents, elle n'a pas envie de le partager avec quelqu'un d'autre. Rah les filles ! Ezhékiel a toujours été le médiateur dans sa famille, à essayer que tout aille pour le mieux, pour faire en sorte qu'il devienne une famille unie comme celle de leurs voisins, il a sacrifié beaucoup de chose pour elle mais n'empêche qu'il a toujours fait partie d'une FAMILLE DÉCHIRÉE

quoi c'est à mon tour de me présenter ? flûte. je ne sais jamais quoi dire. *prend le micro et s'éclaircit la voix* bon alors moi c'est caroline, oui je sais c'est moche mais j'y peux rien, j'ai 19 ans encore pour le moment mais la vingtaine se rapproche à grands pas. j'ai connu ce forum par stacounette, enfin dans l'intimité c'est plutôt mon chaton mais chut, ne rentrons pas dans les détails. j'avoue que j'ai tourné longtemps autour et pis finalement j'ai craqué, je suis faible je sais. mais il est juste sublime et pis j'adore le contexte, même si j'ai jamais vraiment regardé la série. et pour finir en beauté il me semble que le code c'est Code validé par Julia. et pour ce qui concerne les crédits, la bannière et les futures viennent de tumblr le magnifique.

❝ you left me drowning in my tears, and you won't save me anymore ❞

« Maman ? » Ce jour là, en rentrant des cours il n'aurait jamais pensé retrouver sa mère, installée par terre, une cigarette dans une main, une paire de ciseaux dans l'autre et des photos déchirées éparpillées autour d'elle. Elle avait les yeux rougis et des traces noires humides soulignaient son regard, la rendant encore plus misérable, malheureuse et furieuse. Il l'interpella une deuxième fois, essayant de la faire sortir de sa torpeur, mais elle ne semblait pas l'entendre ; elle continuait de s'attaquer à ces pauvres photos, elle les lacérait, les coupait en morceaux et elle semblait y trouver une forme de satisfaction étrange et presque malsaine. « Maman, arrêtes ça s'il te plaît » Elle laissa tomber quelques instants les ciseaux qu'elle tenait aussi fortement dans sa main et commença à ranger en plusieurs piles les photos de famille, de mariage et d'anniversaire qu'elle venait de détruire, dont elle venait d'arracher la présence de son ex-mari, de l'ex-père de ses enfants. « Chéri, va me chercher un autre album photo tu veux. J'ai encore du travail. Il y a encore trop de photos où il est là. Il faut que je supprime sa tête de notre famille, il n'en fait plus partie maintenant » Elle continua de marmonner pour elle-même encore pendant quelques secondes, en faisant tourner les ciseaux dans ses mains. Elle attendait que Ezhékiel fasse ce qu'elle venait de lui demander, elle voulait qu'il lui ramène les autres album photos, elle voulait qu'il l'aide à tuer la présence de son père, mais il n'avait pas bougé. Elle leva les yeux vers lui et le foudroya presque du regard. « Tu as entendu ce que je t'ai demandé ?! Vas me chercher ces album photo... il faut que je... » Sa voix avait éclaté comme une bombe en plein ciel, s'abattant durement sur la tête d'Ezhékiel, mais elle fini par s'évanouir comme un murmure douloureux. Elle fondit en larmes et serra un peu plus fort les ciseaux entre ses mains. Le jeune homme se précipita vers sa mère, il lui retira les ciseaux des mains et la pris dans ses bras, essayant de lui donner un peu de sa force et de la faire se calmer. Elle résista pendant un instant puis fini par s'abandonner et à pleurer contre l'épaule de son fils. Ça aurait dû être le contraire, ça aurait dû être à lui d'avoir besoin de l'épaule de sa mère, ça aurait dû être à lui d'avoir besoin d'être supporté et consolé. C'était le cas dans toutes les autres familles, ça avait toujours été aux parents de s'occuper et prendre soin de leurs enfants, c'était dans l'ordre normal des choses. Mais pas chez les Ryan-Hodge. Depuis plusieurs mois, depuis que leur père était parti, c'était Ezhékiel l'homme de la maison, c'était lui qui devait faire au mieux, c'était lui qui devait faire en sorte qu'ils restent une famille malgré tout ; elles se reposaient sur lui et il ne s'en était jamais plaint. Car finalement, il avait toujours été l'homme de la maison, le plus concerné par sa famille, celui qui était toujours prêt à faire plaisir, celui qui ne lâchait jamais rien, celui qui guidait la famille envers et contre tout. La famille c'était lui, depuis toujours, et pas son père. La preuve, ce dernier avait abandonné femme et enfants pour s'enfuir avec une quelconque fausse blonde ; ça, Zach ne l'aurait jamais fait. « Je suis désolée Zach, tellement désolée. J'ai été une mauvaise mère, une mauvaise épouse. C'est à cause de moi si il est parti » Il sentait sa mère pleurer contre lui, il sentait ses larmes couler et tomber sur sa veste, et il sentait ses propres larmes prêtent à venir se joindre à celles de sa mère, mais il serra les dents. Il caressa doucement les cheveux de sa mère et fredonna à son oreille pour la calme ; maudissant intérieurement son père, le haïssant chaque seconde un peu plus. « Ça va aller maman, ça va aller, ne t'inquiètes pas. Je suis là, je vais prendre soin de toi et de Ari. Tout va s'arranger, je te le promet » Il se détacha lentement de sa mère et lui souria doucement, elle lui souria en retour et essaya d'effacer toute trace de ses larmes. Il se releva et l'aida à en faire de même, elle ne tenait pas vraiment sur ses pieds, mais elle gardait la tête haute devant son fils. « Vas te reposer maman, je m'occupe de tout » "Comme d'habitude" pensa t-elle en elle-même. Mais elle n'ajouta rien et parti dans sa chambre. Il soupira et jeta un regard déconcerté autour de lui, se demandant comment ils avaient pu en arriver là. Ils n'avaient jamais été une famille parfaite et modèle, ils n'avaient même jamais été une famille unie, mais ils s'en étaient toujours sorti, ils avaient toujours su relever la tête de l'eau malgré tout. Mais leur vie de famille avait tout simplement pris un tournant inattendu et immensément douloureux, un tournant que rien ne pouvait réparer ou encore moins effacer. Et ce malgré tout ce qu'avait pu faire Zach pour essayer d'améliorer les choses et faire en sorte qu'ils redeviennent une famille ; il n'avait jamais laissé tomber, mais ses efforts n'avaient pas payés. Il pris une profonde inspiration et s'évertua à tout remettre en ordre, à ranger les album photos et à jeter les photos déchirées avant que Ariel ne rentre ; ça ne servait à rien que sa soeur sache ce qu'il venait de se passer avec leur mère, ça ne causerait que plus de mal à ce qui restait de leur famille, et il ne pouvait pas se le permettre. Parce que c'était son job de prendre soin d'elle, tant pis si elle était trop jeune pour le comprendre. Lui il savait pourquoi il devait le faire et pourquoi il le faisait.

❝ well there was a time when you let me know, what's really going on below ❞

« Comment s'est passé ta journée ? » Il ponctua sa phrase d'un sourire aimable et intéressé, mais sa soeur ne lui répondit que par un regard noir, presque comme la plus part du temps ces derniers jours. Et ça devenait usant, il serrait les dents, encaissait, essayait d'améliorer les choses comme il savait si bien le faire, mais elle ne se montrait pas très coopérative. Il savait qu'elle ne comprenait pas, qu'elle lui en voulait, et il pouvait faire avec cette rancœur qu'elle avait contre lui, mais ça ne pouvait pas durer éternellement. Il fallait qu'elle y mette aussi un peu du sien, qu'elle s'ouvre, qu'elle sorte de sa bulle et surtout qu'elle cesse de rejeter constamment la faute sur lui. Il n'était pas le seul responsable de tout cela, ce n'était pas de sa faute si tout tournait de travers et finissait par se casser la figure dans leur vie. Il balança son sac sur un des fauteuils et s'assis sur la table basse, faisant face à sa soeur, qui ne lui avait toujours pas décroché un mot. « C'était si passionnant que ça ? » Voyant qu'elle ne pourrait pas y échapper, elle planta ses yeux dans les siens, un air de défi blasé sur le visage. « Tu veux vraiment qu'on parle ?! » Il savait que sa soeur en avait gros sur le coeur, qu'elle était une bombe à retardement et qu'il risquait de tout se prendre dans la figure, mais il devait prendre ce risque, pour leur bien à tous les deux. « Va s'y parles moi, je suis tout ouïe et je suis prêt à tout entendre. Après ce qu'on a traversé, je pense que ça ne pourra pas être pire » Ariel eu un petit rire moqueur et surtout sarcastique. « Comment peux-tu faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes ? Comment peux-tu être égoïste à ce point là ? Papa est parti, tu as fait envoyer maman dans un centre et tu voudrais que tout aille pour le mieux ?! Désolée mais moi je ne peux pas faire l'autruche comme toi » Il avait toujours su ce que pensait sa soeur au fond de son coeur, elle n'était pas très bavarde, elle gardait son ressenti pour elle-même, mais il la connaissait comme si il l'avait faite. Seulement, ça faisait encore plus mal d'entendre la vérité de vive voix. « Tu veux me blâmer pour quoi au juste ? Pour avoir poussé maman à se faire soigner ? Pour n'avoir pas su retenir papa ? Pourquoi hein ? Dis le moi, parce que je suis un peu dans le flou là » Mais elle ne répondit rien, elle serra ses genoux contre sa poitrine et se borna à éviter son regard, qu'elle était incapable de soutenir. Lassé d'attendre quelque chose qui ne venait pas, Ezhékiel se leva et s'installa sur le canapé à côté de sa soeur. « Ne me vois pas comme un ennemi Ari, parce que je n'en suis pas un. Je sais qu'on a eu des différents, je sais que j'ai fait des erreurs, mais j'ai fait de mon mieux pour que les choses s'arrangent, pour qu'on récupère un peu de ce qu'on avait perdu, pour qu'on redevienne une famile. Je suis désolé que ça n'est par marché, je suis désolé que tu m'en veuille. Mais s'il te plaît ne me prend pas pour le seul responsable. Ne me blâme pas pour le départ de papa ou parce que maman a perdu la tête et qu'elle a voulut mettre le feu à la maison. Parce que ce n'est pas directement de ma faute, pas plus que ce n'est de la tienne » Il avait débité tous ces mots sans prendre son souffle, de peur qu'elle l'interrompt ou qu'il oublie un des éléments qu'il voulait à tout prix lui dire ; mais une fois qu'il eu fini, il repris son souffle et inspira plusieurs fois. Ariel continuait de garder le silence, tordant ses mains dans tous les sens, cherchant quelque chose à dire à son grand-frère, la personne qui avait toujours été la pour elle et la seule qui lui restait encore aujourd'hui. Elle n'avait jamais compris sa façon de penser, et encore moins pourquoi il s'accrochait autant à des choses qui ne fonctionneraient jamais. Ils étaient tellement différents l'un de l'autre, ils ne se comprenaient pas et pourtant il était toujours là, il n'avait jamais baissé les bras et pour ça elle l'admirait et était fière qu'il soit son grand-frère. « Excuses moi Zach. Excuses moi de t'avoir agressé tout à l'heure, excuses moi de toujours en avoir après toi et de tout te mettre sur le dos. Je sais que tu n'y es pour rien et qu'on est dans la même situation. Je ne voulais pas... » Il la pris dans ses bras et la berça doucement contre lui. « Je sais » Il l'embrassa tendrement sur le front puis se redressa. « Je sais que ce n'est pas facile pour toi et que tu ne comprends pas toujours ce que je fais ou ce que j'essaye de faire, mais j'essaye toujours de faire au mieux. Parce qu'il n'y a plus que nous deux ici maintenant » Elle hocha la tête. « Je monte, j'ai du boulot » Et dans un dernier sourire il repris son sac et regagna sa chambre. Il était en train de réfléchir à sa dissertation de droit constitutionnel quand on toqua à la porte de sa chambre. Il leva distraitement la tête et vit le visage d'Ariel dans l'encadrement de la porte. « Tu vas bosser toute la nuit ou tu as le temps de manger un morceau avec moi ? Je t'invite »

❝ as i dream about movies they won't make of me when i'm dead ❞

« Monsieur Ryan-Hodge, pouvez vous rester quelques minutes s'il vous plaît ? » Ezhékiel leva les yeux vers sa professeur d'espagnol tout en refermant son sac d'un air absent. Il regarda ses camarades quitter la salle de classe en se demandant ce qu'elle avait de si urgent et de si privé à lui dire. Mais pire que tout, alors qu'il franchissait les quelques mètres qui le séparait du bureau, il sentait une boule d'appréhension se former dans son estomac et ce malgré toute la volonté qu'il pouvait mettre pour l'empêcher de grossir encore et encore. Car malgré tout ce qu'il pouvait dire à ses camarades ou se dire à lui-même, il n'était pas totalement insensible au charme de sa belle professeur ; et ceci était vrai depuis avant même que les cours à la fac commencent. Mais quand ils s'étaient connus et quand ils avaient flirter dans ce petit bar durant l'été dernier, ils ignoraient encore tous les deux qu'à la rentrée elle serait le professeur et lui l'élève, et qu'ils seraient dans une situation plus qu'ambigüe et complexe. Il balança son sac sur son épaule et marcha d'un pas qui se voulait assuré vers elle. « Vous vouliez me voir ? » Il avait comme une petite idée du pourquoi de cet entretient après le cours, mais il préférait agir d'une façon neutre, comme si de rien n'était. Et puis pourquoi s'affoler hein ? Elle souhaitait peut-être juste s'entretenir avec lui pour parler de son cours... Elle s'appuya sur son bureau et croisa les bras sur sa poitrine, jetant un dernier regard vers la porte avant de se tourner vers lui ; lui la regardait avec de grands yeux, s'attendant au pire comme au meilleur, attendant presque impatiemment au verdict de cet entretient plus que soudain. « Je t'assure que je ne savais pas du tout que je te compterais parmi mes élèves ce semestre. Et si ça n'avait tenu qu'à moi j'aurais demandé à changer de classe, mais on ne fait pas toujours ce qu'on veut tu sais bien » Ne sachant pas quoi ajouter, il se contenta d'hocher lentement la tête, pensant que c'était sans doute la meilleure chose à faire. « Ce n'est qu'un semestre et il n'y a pas mort d'homme, on devrait réussir à gérer cet... imprévu » Elle eu un petit rire, sans doute plus nerveux qu'autre chose. « Le problème c'est que je ne sais pas si je vais pouvoir faire comme si il ne s'était rien passé cet été... » Il ouvrit la bouche dans l'intention de parler mais elle le fit taire d'un geste de la main. « ...et me contenter d'être juste ton professeur » Il voulut intervenir pour la seconde fois, mais elle n'avait visiblement pas terminé. « Je n'ai pas envie d'être juste un professeur pour toi Zach, et je n'ai pas envie que tu sois juste un élève pour moi » Il ouvrit plusieurs fois la bouche, cherchant quelque chose à dire, même n'importe quoi, mais rien ne franchit la barrière de ses lèvres. « Je... je ne pense pas que ce soit une bonne idée, c'est ton emploi et ta carrière qui sont en jeu si jamais... » Mais elle le fit taire d'un baiser soudain déposé sur ses lèvres. Elle se détacha de lui presque aussitôt, certainement de peur d'être surprise par un étudiant qui aurait oublié un quelconque objet dans la salle. Elle savait pertinemment de quoi Ezhékiel avait peur, elle la partageait bien plus qu'il ne pouvait le penser, mais plus que tout elle voulait tout de même tenter. Parce qu'elle ne pouvait pas le voir deux fois par semaine à ses cours, installé au milieu de ses camarades et des filles qui lui tournaient autour, sans avoir au moins tenté sa chance et pouvoir de ce fait dire qu'elle représentait elle aussi quelque chose pour lui. Elle savait quel était le risque, mais elle devait le prendre. Parce que c'était Ezhékiel et parce qu'elle n'avait jamais ressenti ça auparavant pour n'importe qui d'autre. C'était un comble, elle avait tout pour plaire, le nombre d'hommes qui lui tournaient autour pouvait se compter sur les doigts des deux mains, mais non, il fallait qu'elle tombe sous le charme d'un de ses étudiants, et ce avec tout les risques que cela impliquait. Malgré qui fut encore sonné par le baiser qu'ils venaient d'échanger, il lui restait tout de même une once de lucidité qui le poussa à de détacher d'elle et à reculer de quelques pas, essayant de rétablir un peu de distance entre eux. « On ne peut... pas faire ça, je veux dire... » - « Ne dis plus rien. Regardes moi dans les yeux et dis moi que je ne te plais pas, dis moi qu'il ne s'est jamais rien passé entre nous et que tu n'as aucune envie d'être avec moi. Dis le et je te laisserais tranquille une bonne fois pour toute » Il avait ouvert la bouche, déterminé à répondre à son ultimatum et lui balancer tout ça à la figure, il le voulait mais il n'en fut pas capable. Il ne pouvait tout simplement pas mentir et passer outre le fait que ce soir là dans le bar il avait eu une espèce de coup de foudre pour sa future prof d'espagnol, il aurait pu et il aurait dû, mais c'était plus fort que lui : il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était et continuer à agir normalement. C'était risqué mais il pensait que ça en valait la peine. « D'accord tu m'as eu, je ne peux pas. Je ne peux pas te dire tout cela, ça serait un beau mensonge » Elle se pressa de nouveau contre lui et embrassa le coin de sa mâchoire. Il souria, comme si c'était une fille normale qu'il tenait entre ses bras et non pas son professeur, âgée de cinq ans de plus que lui et qui risquait son avenir pour lui et à cause de lui. Il y a toujours des risques à s'engager dans une relation intime avec un professeur, ça vous tombe sur le coin du nez comme ça au moment où on s'y attend le moins, au premier abord c'est assez chouette, on se sens important, aimé, désiré mais les risques s'accentuent tous les jours davantage. Il y a toujours cette peur que quelqu'un vous surprenne, vous dénonce, juste pour le plaisir ou par vengeance. Mais le pire c'est quand la relation se détruit elle-même, de l'intérieur, et ce sans qu'on ne voit rien venir ; un jour on se lève, on se rend en cours et on apprend que le professeur pour lequel on s'est entiché à démissionné et est parti loin, sans même vous dire au revoir.

❝ you left behind, just memories from a different life ❞

« Tu comptes me tuer du regard encore longtemps comme ça ? » Ariel se contenta de lui lancer un regard noir de plus sans rien ajouter, comme elle le faisait depuis dix bonnes minutes déjà, enfin depuis qu'ils avaient commencés à déballer les cartons. Ezhékiel stoppa tout mouvement et se tourna vers elle. « Si tu as quelque chose à me dire dis le moi, et arrêtes de tourner autour du pot. Je sais très bien que tu meures d'envie de me dire ce que tu penses » Ariel s'arrêta également dans ce qu'elle faisait et le toisa d'un regard dur. « Redis moi encore pourquoi on est là ! Redis moi encore pourquoi tu nous as forcé à quitter la maison pour venir ici ! T'es qu'un sale égoïste Zach, ce déménagement tu l'as fait pour toi et uniquement pour toi. Parce que si tu te souciais vraiment de moi tu m'aurais laissé vivre à Dallas, tu m'aurais laissé finir mes études et tu m'aurais laissé avec mes amis ! » Ses paroles avaient claquées dans l'air comme un coup de fouet, et même si il s'y attendait un peu, il ne pu s'empêcher d'être choqué et un peu blessé par les paroles de sa soeur. Et le pire c'était qu'il savait qu'elle ne disait pas seulement cela sous l'effet de la colère, non elle pensait vraiment ce qu'elle venait de dire, elle pensait bel et bien chacun des mots qui venaient de sortir de sa bouche d'adolescente frustrée qui déteste son grand frère parce qu'il prend des décisions pour leur bien à tous les deux mais qu'elle ne comprend pas. « Je te déteste Zach » Et il savait qu'à ce moment précis cela devait vraiment être la vérité. Il avait réussi à se faire détester de la dernière personne qui lui restait, de la dernière personne qui représentait pour lui ce qui ressemblait de près ou de loin à l'esquisse d'une famille. Et à ce moment là de sa vie c'était sans doute la pire chose qui pouvait lui arriver. Il avait toujours fait de son mieux pour que les choses se passent bien ou à peu près bien ; il aurait fait n'importe quoi pour que son père revienne, pour que sa mère retrouve sa tête et pour qu'il s'entende un peu mieux avec sa soeur. Mais ce n'était pas le tout d'essayer, il fallait aussi que ça marche, et en ce qui le concernait ses efforts n'avaient jamais payés. Il en était toujours au même point : il avait toujours rêvé d'une belle famille unie, mais il avait toujours sous les yeux les petits morceaux éparpillés de cette même famille. Et on ne recolle pas des sentiments comme on peut recoller une vieille photo qui a trop souffert des coups de soleil. Ariel reposa durement sur le sol le carton qu'elle vidait et tourna les talons, monta les étages sans se retourner et claqua la porte de sa toute nouvelle chambre. Ezhékiel laissa échapper un long soupir, puis il mit également de côté son propre carton et monta à la suite de sa soeur ; il allait encore essayer de se faire pardonner et ainsi tenter de crier une nouvelle alliance avec sa soeur, qui finirait par se briser tôt ou tard. Comme toujours. Il leva la main pour toquer à la porte mais se résigna au dernier moment, à quoi cela servirait-il ? Il n'y avait qu'eux deux ici et puis qu'elle le veuille ou non ils devaient parler. Il poussa donc la porte, entra et la referma derrière lui. « Ari » - « Tu n'as pas vu le panneau "sans interdit" sur ma porte ? » Il avait essayé d'engager la conversation d'une voix douce mais elle l'avait rembarré de sa voix abrupte qu'elle utilisait souvent quand elle était vexée et qu'elle n'avait pas envie de discuter. Ce qui était fort dommage vu que pour lui ils devaient à tout prix parler avant que les choses ne n'enveniment encore plus. Il s'assis sur le bord du lit et posa les yeux sur sa soeur. « Viens t'asseoir » Elle le toisa pendant deux secondes mais continua de faire les cent pas devant lui. « S'il te plaît » Elle fini par s'arrêter dans ce mouvement répétitif, soupira mais lui obéit tout de même ; elle s'installa à côté de lui sur le lit et croisa les bras sur sa poitrine, un air buté sur le visage. « Je sais que tu m'en veux, je le sais et je le comprend. J'avais pas le droit de prendre ce genre de décision aussi rapidement et de t'embarquer dans ce déménagement soudain. J'ai été égoïste et tu as parfaitement le droit de me détester pour ça. Mais je l'ai fait pour nous Ari, pour nous offrir un nouveau départ et une chance de construire autre chose, loin de ce qui a pu se passer avec papa et avec maman. Je sais que c'est difficile pour toi, mais on n'est plus que tous les deux maintenant alors s'il te plaît ne gâches pas tout à cause de ta rancœur envers moi. La famille ne se résume plus qu'à nous deux maintenant » Il la regardait avec des yeux brillants, attendant presque avec appréhension sa réaction et la réponse qu'elle lui balancerait. Elle renifla et baissa la tête, l'air penaude. « Je t'ai menti » Ses joues rosirent légèrement. « Je ne t'en veux pas autant que j'ai pu le dire » Elle leva un peu la tête vers lui et ses yeux croisèrent les siens. « Je n'avais qu'une envie c'était de quitter Dallas et la maison. Je n'en pouvais plus de l'histoire avec maman, je n'en pouvais plus d'aller au lycée et d'entendre les gens la traiter de folle à tout bout de champ, et je n'en pouvais plus qu'on me regarde de travers » A cette confession Ezhékiel fronça les sourcils, étonné. « Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que ça se passait aussi mal ? Ari je ne suis pas papa ou maman, je suis là moi et tu sais que je serais toujours là si tu as besoin de moi » Après tout ce qui avait pu se passer au coeur de leur famille, les déchirements qui avaient été occasionnés par le départ de leur père ou la folie soudaine de leur mère, Ezhékiel avait toujours été là, à se battre pour que sa petite soeur ait l'impression que sa vie n'était pas en train de s'écrouler, que tout n'était pas obligé de mal finir. Il avait peut-être fait des mauvais choix, mais il avait toujours fait de son mieux pour qu'elle soit la plus heureuse possible, quitte à se montrer un peu trop protecteur avec elle. Il aurait tout simplement fait n'importe quoi pour qu'elle continue à sourire malgré le fait que leur père soit loin et en train de fricoter avec une fille plus jeune que lui, ou que leur mère perde encore le peu de lucidité qu'il lui restait. Elle était la seule personne qui lui restait à ce jour alors il n'était pas prêt à la laisser tomber. Il embrassa tendrement sa petite soeur sur le front et se leva. « Fini de déballer tes cartons, je vais faire à manger » Il tourna les talons, prêt à quitter la chambre, mais la voix d'Ariel l'interpella une dernière fois. « Je ne te déteste pas Zach, malgré tout ce que j'ai pu dire ou faire » Il se contenta de lui sourire, mais content malgré tout d'entendre cette révélation.