♣ Lyssandre & Raphael

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Le soleil éclairait de ses pâles rayons les courageux qui bravaient le froid pour profiter de sa force, les quelques bribes de bonheur qu’il dispersait, suffisait à éclairer le visage de ses enfants anonymes qui s’agitaient devant mon regard. L’océan de mes yeux se modifia légèrement, le calme n’était jamais complet, il subsistait toujours, sous la face tranquille, un courant indomptable qui restait dans l’ombre, attendant de déverser l’émotion puissante qu’il contenait. Mes pas se firent plus lents alors qu’au loin j’observai cette silhouette familière, la beauté ne lui manquait pas ; elle saturait chacune ses cellules d’une aura particulière qui attirait presqu’autant qu’elle effrayait. Les années s’étaient écoulées sans que mes yeux ne se posent sur elle, l’image de l’adolescente que j’avais quitté se superposait à la femme flou à quelques mètres de moi. Lyssandre.

Un sourire vint égayer mon visage de marbre, rare était ceux qui parvenait à déridé ce visage d’ange qui était mien, elle faisait partie de ces quelques privilégiés. Ces êtres humains peu communs qui étaient parvenu à ses glissés dans les failles de mon cœur. La fillette aux longs cheveux blonds avait ravis mon palpitant des années plus tôt, il n’avait suffi que d’un regard. Dans la profondeur du miroir de ses iris si semblable aux miennes, j’avais trouvé l’autre partie de moi. Etrange sensation que celle d’aimer un être aussi fragile, ses prunelles sans cesse recouverte d’émotion, sa main s’était agrippé a la mienne, et l’enfant naïf de jadis avait juré solennellement de l’aimer jusqu’à son dernier soupire. Mais l’amour d’une autre avait supplanté celui que je vouais à ma sœur, et de bien des manières nous avaient séparés. Un soupire acre s’échappa de mes poumons vides, encore aujourd’hui, au cœur de mes souvenirs, je revoyais l’adolescente maigrichonne qu’elle avait été ; ses lèvres tremblant de manière imperceptible alors que je m’avançais vers la porte. Sa voix n’avait pas résonnée dans le silence de l’entrée de cette demeure maudit, comme si par son silence elle me privait du souvenir de sa douce voix. Elle n’avait rien dit, et je ne m’étais pas retourné. Un seul de ses mots m’aurait fait battre en retraite, elle avait été mon plus grand regret. Certain prétendrons que la beauté d’une fuite réside dans sa tragédie, dans le sang et les larmes, dans l’atrocité d’un cri dévorer par la souffrance mais ils avaient tords. Il n’existait pire que fuite que celle silencieuse, qui lourde de non-dit ne clôturait rien. Lâche jusqu’à la moelle, je m’étais engouffré dans le taxi sans un regard en arrière. Je l’abandonnais, presqu’autant que je désirais fuir mon amour impossible pour Sixtine.

Nous étions si proche et pourtant si loin. C’était ainsi que nous devions nous retrouver, dans ses parcs qui avaient abrités nos jeux d’enfants. Sa voix s’éleva, remplissant mon cœur d’allégresse et de remord. Pourquoi étais-je parti ? Longtemps cette question avait hanté mes nuits, je n’ignorai pas cette fragilité émotionnelle se confondant au handicap dont elle souffrait et pourtant j’avais ignoré ce que me soufflait mon cœur. Le silence qui planait entre nous n'était pas désagréable, c'était comme retisser un lien aphone avec elle. « L'oublie est une chose des plus difficile, as-tu oubliais ? ». Une grimace déforma mes traits alors que je prenais place auprès d’elle ; avais-je oublié Sixtine ? Ma simple présence dans cette ville était une réponse muette à sa question, brusquement je regrettai presque d’être revenu pour elle. J’aurai dut revenir pour Lyssandre, j’aurai dut revenir pour prendre soin de son cœur tendre et ses sourires timides, il ne restait aujourd’hui plus aucune trace de timidité dans la femme qui était assis auprès de moi. Qu’étais donc devenu ma petite sœur, le joyau secret de mon cœur ? « J’ai toujours eu une mémoire un peu trop pointilleuse ; les souvenirs sont les seules présents que m’ai jamais fait la vie. Hormis toi bien sûr, mon ange », ajoutais-je en effleurant sa joue pale du bout des doigts. « Ta mémoire te laisse-t-elle un quelconque repris à toi ? »