Les cheveux attachés pour avoir le visage dégagé, je m'évertuais à couper en petits dés mes légumes, m'énervant sur eux alors qu'ils ne m'avaient absolument rien fait. Encore une fois, ce Lévi m'avait extrêmement agacée aujourd'hui. Pourquoi avais-je fait l'idiotie de l'engager ? J'aurais du faire des recherches sur lui...mais non, bonne âme comme je suis j'engage n'importe qui, même les meurtriers. Eurk. Imaginez je me retrouve seule dans une pièce avec lui et qu'il me...zigouille ! God, Sarah, arrête de penser au pire. C'est vrai quoi, si on oublie un temps soit peu son passé de criminel, il était presque agréable...le problème, c'est qu'il a tué un gars à coups de barres de fer. Vous voyez, je ne peux pas accepter ce genre de personne dans mon entreprise. Le second problème c'est que, si je le vire, ça sera excessif, basé sur ses antécédents et que forcément la presse ne me ferait pas un beau procès...la justice non plus d'ailleurs. J'étais donc là, à essayer de le pousser à bout pour qu'il démissionne enfin et sorte de ma vie. Pourtant, quelque chose me disait que mon idée est vaine et que Levi est pire que de la mauvaise herbe.

J'entendis alors sonner, m'approchant de la porte, persuadée qu'il s'agirait de Martin et Lexea qui chercherait rapidement une baby sitter pour le merveilleux Morgan. De toute façon, Morgan tient quelque chose de moi...C'est vrai quoi, il est parfaitement parfait. Comme moi ! Mais à mon grand étonnement je découvrais de stupeur, Jason et Franklin se tenant tous les deux contre le cadre de ma porte. Je " sautais " alors sur Franklin pour le prendre dans mes bras et qu'il me montre son jouet tracteur. Je restais avec lui quelques minutes, lui proposant ensuite d'aller dans la salle ' coin jeu ' que j'avais aménagé spécialement pour lui. N'allez pas imaginer que je me la joue mère. Non, je ne suis pas la sienne...mais autant qu'il se sente bien quand il vient.


Je le laissais partir dans la pièce, l'observant du coin de l'œil et me retournais alors vers Jason que j'embrassais brièvement sur les lèvres, fermant la porte après son entrée. D'accord, j'étais plus que ravie de le voir. Et oui ! Mon cœur avait implosé quand je l'avais vu devant moi. Comme au premier jour. Mais il fallait que je me montre distante. Merde ! On ne se voit jamais. Et d'accord, peut être bien que j'y suis aussi pour quelque chose mais...mais j'ai envie qu'il se fasse pardonner, voilà tout. Mais forcément, en tant que garçon, j'imagine qu'il ne comprendra pas ce comportement typiquement féminin...enfin je dis ça, mais je le fais tellement de fois qu'il en est presque habitué.

" Alors, qu'est ce que tu deviens ?! " dis je sans le regarder dans les yeux (évidemment sinon toute froideur aurait disparu vous comprenez), retournant dans ma cuisine pour continuer de faire du mal à mes légumes sans défense. " Tu sais, j'allais bientôt passer une annonce pour disparition...appeler Jack Malone. Enfin tu vois, ce genre de choses. " Très bien, avoir un boulot et s'occuper d'un enfant seul ne doit pas être spécialement évident. D'accord, il ne doit pas presque pas avoir de temps pour lui, sauf pour dormir...mais merde, même pour dormir il pourrait m'inviter ! Bientôt je vais le croire en couple avec Jérémy. Humm. " Tu veux rester manger ? " continuai-je alors, toujours en évitant soigneusement de le regarder lui et sa bouille d'ange. Je paraissais tellement concentrée sur mes légumes que ça en devenait navrant. Amen !

ARTHUR! Je sortis en trombe de la salle de bains, dégoulinant, avec juste une serviette nouée autour de la taille. Je savais que je n'aurais jamais dut le laisser entrer alors que je me préparais. A chaque fois, il me faisait le coup d'entrer tandis que je prennais ma douche, et de ressortir avec mes fringues sous le bras. Je devais vraiment penser à investir dans un verrou, depuis le temps. Après avoir manqué de glisser à cause de l'eau sous mes plantes de pied, mettre rattrapé au rebord de la fenêtre, manquant ainsi de faire tomber le drap de bain qui me cachait et de m'exposer de telle façon devant la gente féminine qui se trouvait dans la rue, j'arrivai enfin dans le salon. Énervé, fatigué, je lançai un regard noir à Arthur, mon grand frère, qui lui était tranquillement assis dans le canapé. A ses pieds se trouvait mon fils, Franklin, encore entrain de jouer avec son nouveau tracteur et, sous son bras, mes vêtements. Je soupirai. Mais tu fous quoi, avec mes fringues, putain? Un sourire victorieux sur le visage, il tourna la tête vers moi. J'avais toujours eu envie de le baffer quand il faisait ça. Lui qui avait pourtant un visage de chic type, du brave mec, le gendre idéal contrairement à moi et ma mine chronique de chien battu, devenait d'un seul coup le pire des connards. Dans son attitude, du moins. Et encore, c'était peu dire. Cependant, je n'étais pas très bien placé pour le critiquer, avec tout ce qu'il a fait pour moi. Quand la grossesse de Joséphine touchait à sa fin, c'est lui qui nous avait emmené dans le Kentucky pour qu'elle accouche. Malgré tout, il fallait avouer qu'on en était souvent venu aux mains, lui et moi, avant que je ne parte à l'armée. Les trois quarts du temps, il n'y avait pas de raison apparente, et c'était ce qui faisait la beauté, si je puis dire, de nos combats. Évidemment, champion de lutte qu'il était à l'époque, il gagnait à tous les coups et moi, comme un con, je me retrouvais à chaque fois avec un œil au beurre noir qui, contrairement aux rares fois où il s'en prenait un, avait le don de servir de répulsif à fille plutôt que d'attrape-cœurs. Et bien je dis merde. Quoi qu'il en soit, j'avais aujourd'hui une bonne raison de lui en mettre plein la figure. Son nom? Sarah. Je m'étais mis en tête de lui faire une surprise et d'aller la voir, ce soir là. C'était d'ailleurs pour cette raison que j'avais fais venir Arthur. Je voulais qu'il garde Franklin durant la soirée, voire la nuit. Il vaut mieux prévenir que guérir. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il prit lui-même la parole. C'est fou ce que t'es sexy comme ça, Jay! Je suis certain que si tu étais venu au lycée dans cette tenue, t'aurais emballé plus de filles, si tu vois ce que je veux dire.. Il me fit un clin d'œil alors que je m'approchais de lui pour récupérer mes affaires. Va te faire, Arthur. Il se mit alors à rire. C'est à ce moment que je vis Franklin entrain de me fixer, tendant ses petits bras vers moi, sans dire un mot. Je m'assis donc aux côtés de mon ainé et pris mon fils sur mes genoux. C'est encore Sarah qui te met dans tous tes états? Décidément, ça doit vraiment être une chic fille. Je souris, regardant Franklin et passant ma main dans sa tignasse brune et bouclée. Tout comme son père, ce petit. Mêmes yeux, mêmes cheveux et, apparemment, même caractère merdique. Je sentis alors le regard d'Arthur sur moi. Il devait encore me fixer de travers, comme à chaque fois qu'on abordait le sujet des femmes. Je sentis alors un léger coup dans mes côtes, comme s'il voulait m'obliger à lui répondre. Sans détourner mon regard du petit corps que j'avais sur les genoux, sans enlever ce sourire -étrangement triste, bien qu'aucuns sentiments tels quel ne m'avaient envahi- je finis par lui donner ce qu'il attendait. Oui, c'est elle, oui. Tu vois, c'est la première fois que je suis bien avec quelqu'un. Mais quand je dis bien c'est.. Vraiment bien. Et puis, Franklin l'apprécie beaucoup, lui aussi. Mais le seul problème c'est que.. Je n'eus pas le temps de continuer qu'il me coupa la parole, comme à chaque fois. Oui, oui.. Je sais. Vous vous voyez pas souvent et du coup tu profites d'avoir ton week-end pour passer chez elle à l'improviste dans le but de lui faire une surprise. Je continuais de sourire, hochant la tête, avant de me tourner vers lui, ma mine de chien battu sur le visage. D'ailleurs, si tu pouvais garder Franklin, ce serait parfait.. Je savais qu'il ne pouvait pas résister à la gueule d'ange de son filleul, j'en étais sûr. Ou presque. Ce fut donc comme un coup de matraque quand il m'annonça : Désolé mon vieux, mais je suis de garde ce soir. D'ailleurs, je dois filer. Il se leva d'un bond, déposant un baiser sur le front de mon fils, me donnant une tape dans le dos, puis il se dirigea vers la sortie avant même que je ne puisse contester ou apporter des arguments. Me laissant retomber dans le fond du fauteuil, je mis mon fils de façon à l'installer face à moi. Eh Frank, ça te dit d'aller chez Sarah ce soir? Un sourire aux lèvres, il me regarda, comme émerveillé.

Début de soirée. Je garai ma voiture en bas de chez Sarah, sur une place trouvée au hasard et avec beaucoup de chance. Éteignant le moteur, je me tournai vers mon fils, assit à l'arrière dans son siège auto. Un léger sourire s'afficha sur mon visage. Tandis que je l'observais, il leva ses grands yeux vers moi. On est arrivé papa? Mon sourire s'agrandit de plus belle, et je sortis de la voiture pour aller ouvrir la porte du passager arrière. Et oui, on est arrivé. Je le détachai alors de son siège, retirant les jouets qu'il avait sur les genoux, et le prit dans mes bras. Il passa alors une main dans mon coup et tira légèrement sur mon pull, tandis que je remettai l'intérieur de la Ford en place. Papa! Papa! T'as oublié mon jouet! Me baissant pour ramasser le jouet dont il parlait, c'est à dire l'indétrônable tracteur que lui avait offert son oncle, je pris en même temps ma veste et commençai à marcher en direction du loft de ma petite amie. J'ignorais totalement ce qu'elle pouvait bien faire. Peut-être n'était elle même pas chez elle. Mais après tout, elle valait bien tout le chemin que l'on venait de faire. Après une brève hésitation, je déposai Franklin sur le sol et je sonnai, m'appuyant contre l'encadrement de la porte d'entrée, une main sur la tête de l'enfant. J'entendis alors le pas de Sarah se rapprocher petit à petit. Puis, au bout de quelques secondes, je la vis ouvrir. Elle semblait étonnée de nous voir là, ce qui était totalement normal. Son premier réflexe fut de prendre Franklin dans ses bras et de l'amener dans la partie d'une pièce qu'elle avait spécialement aménagé pour lui. Je lui emboitai alors le pas, plus ou moins gêné par la situation, tout en restant dans l'entrée. Je regardai alors autour de moi, cette décoration que je connaissais bien mais que je n'avais pas vu depuis un moment déjà. Cela faisait pratiquement deux semaines qu'on ne s'était pas vu, elle et moi, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable. Ce n'était pourtant pas ma faute. Pas totalement, du moins. Je ne dormais pratiquement plus, je passai tout mon temps entre le boulot, à préparer les obsèques d'un tel ou d'un tel, et mon fils qui, en grandissant, me prenait de plus en plus de temps. Cependant, à aucun moment je n'ai regretté de l'avoir eut. Jamais. Il représentait tout pour moi et je m'étais promis de toujours le faire passer avant n'importe qui. Après quelques minutes, Sarah revint me vers moi, ne déposant que brièvement ses lèvres sur les miennes. J'étais tiraillé entre la joie de pouvoir enfin sentir son ordeur, le contact de nos deux bouches, et le pincement de cœur tellement je m'en voulais de ne pas réussir à mieux gérer mon temps. Élever un enfant n'est pas facile. Mais lorsqu'à côté il y a une tonne de boulot et une relation de couple qui bat légèrement de l'aile, c'est encore pire. Je suivis alors la jeune femme dans sa cuisine, essayant d'attraper sa main quand elle n'était pas loin. La seule chose que je réussis à faire, finalement, fut de frôler ses doigts. J'avais l'habitude de ce genre de comportement, avec elle : a chaque fois que l'on se revoyait suite à une plus ou moins longue séparation, elle prenait de la distance. J'entrai alors dans la salle où elle coupait ses légumes. Avant même que je ne puisse parler, elle me demanda : Alors, qu'est-ce que tu deviens? Tu sais, j'allais bientôt passer une annonce pour disparition...appeler Jack Malone. Enfin tu vois, ce genre de choses. Je ne pus empêcher les commissures de mes lèvres de se lever légèrement à sa remarque. Après une demi-douzaine de secondes, je secouai la tête et reposai mon regard sur elle, appuyé contre un meuble. Je suis désolé, j'ai eu énormément de boulot cette semaine. Un client m'a demandé les plus grandes obsèques jamais réalisé dans l'entreprise. C'est un dossier tellement gros que j'arrive pas toujours à aller chercher Franklin à la maternelle. Et oui! Depuis le mois de septembre, mon fils était inscrit à l'école, et à sa demande. Ce qui était vraiment gênant dans l'histoire, c'était que je voyais plus souvent Jeremy qu'elle et, par conséquent, je comprenais parfaitement qu'elle puisse m'en vouloir. Tu veux rester manger? Je me raclai la gorge. Je n'avais pas envie qu'elle se sente obligée de me proposer de rester parce que j'avais eu le culot de passer. Je veux pas qu'on te dérange. Oui car, avec son jeune âge, Franklin pouvait se montrer parfois turbulent et dans ces cas là, il devenait assez dur à supporter. Je finis par m'approcher d'elle, qui me tournait le dos et qui s'affairait à préparer ses légumes, semblant avoir quelque chose contre eux. Tout doucement, je mis mes mains sur sa taille avant d'enrouler mes bras autour. Puis, après avoir déposé un léger baiser dans son cou, je lui chuchotai à l'oreille : S'il te plait Sarah, regarde moi. La voir comme ça était insupportable pour un type comme moi, qui avait tendance à toujours croire que tout était de sa faute.

Les yeux fixés sur le dos de Sarah, je me remémorai une conversation que j'avais eu, quelques temps plus tôt, avec Arthur. Cette dernière restera gravée pour longtemps dans ma mémoire. Je lui en avais voulu, d'ailleurs, de penser que j'étais capable d'une chose pareille. Mais, au bout de quelques jours, il est revenu me voir en m'avouant qu'il voulait simplement me tester. C'était un coup de génie. Il avait toujours réussi à me faire parler, moi, le gamin aux maquettes du fond de la classe. C'était un soir, chez moi. Franklin dormait à l'étage, tranquillement, entrain de rêver de je ne sais quoi. J'avais encore bossé tard, devant préparer les obsèques d'un ciel homme décédé d'un cancer de la prostate et tellement apprécié que, si jamais la moindre chose était faite de travers, je pouvais compter sur le soutien de sa famille et de son nombre incroyable d'amis pour me faire licencier et être dans la délicate situation de l'impossibilité de trouver un emploi. Arthur, ne travaillant pas, avait gardé mon fils, son filleul durant toute la journée et une bonne partie de la soirée. Il était alors vingt-deux heures et, alors que je venais de me plaindre du fait que je ne voyais jamais la petite-amie, entre deux gorgés de whisky -ce qui était d'ailleurs mauvais pour ce que j'avais et que j'ai encore-, mon frère avait planté son regard dans le mien. Totalement sérieux, et sans baisser les yeux, comme il savait si bien le faire, il m'avait posé cette question qui m'avait totalement déconcerté : Réponds moi franchement, Jason Cédric Quentin Postlethwaite. Ta Sarah, t'en est vraiment amoureux ou tu cherches juste une mère pour Franklin? Je me rappelle que j'avais manqué de lui cracher tout ce que j'avais dans la bouche à la figure, ce qui lui aurait particulièrement déplut, j'imagine. Je l'avais fixé avec des yeux ronds, ne comprenant pas vraiment où il venait en venir en me demandant cela. Pour moi, la réponse était plus que logique. C'est quoi cette question à la con, Arthur? Sans perdre la gravité qu'il y avait sur son visage, et continuant de me fixer de façon à me mettre presque mal à l'aise, il m'avait répondu : Si elle est si conne, ma question : réponds-y. J'avais soupiré. En fixant le fond de mon verre, à moitié vide, je finis par me racler la gorge et répondre. Ce n'est certainement pas pour trouver une mère à mon fils que je suis avec elle. J'ai toujours vécu seul avec lui, je ne vois pas pourquoi je rechercherais maintenant à combler un trou presque inexistant maintenant. Si je suis avec elle c'est parce que.. Parce que je l'aime, voilà tout. Je l'aime. J'aime tout chez elle, ses défauts comme ses qualités. J'aime sa manie de toujours vouloir avoir le dernier mot, j'aime comme elle est avec Franklin. J'aime même le fait qu'elle passe le plus de temps possible dans les stades. Je sentais mon cœur qui s'emballait au fur et à mesure de mon énumération, sans faire attention à Arthur qui, de son côté, riait. Encore aujourd'hui, tout ça est plus vrai que quand je l'ai dis.

Mes doigts frôlèrent les siens lorsque Sarah passa prêt de moi, ce qui déclencha une légère vague de frissons dans ma main. Je soupirai. Elle avait tout de même un sacré caractère. Enfin, ça devait être de famille car Jeremy et Martin n'étaient pas mal non plus, dans leur genre. Même si ce dernier ne pouvait pas me voir en peinture pour une raison qui, à l'époque, m'échappait encore. Sarah me tournait le dos et, par conséquent, elle ne voyait donc pas le sourire niais qui s'était dessiné sur mon visage alors que nos lèvres venaient de se toucher. Après mûre réflexion, ce n'était pas plus mal, qu'elle ne le voie pas. Je m'excusais alors de ne pas pouvoir la voir plus souvent en lui expliquant le "dossier" sur les obsèques les plus importantes à organiser depuis la création de l'entreprise, il y a une trentaine d'années. Et ce dossier, il se termine quand? Et qui va chercher Franklin alors? Arthur? J'haussai les épaules. Nous avions effectivement une date butoire quant au jour des obsèques. Cependant, elle changeait constamment, ce qui m'empêchait de pouvoir lui donner une réponse exacte. Je préférais alors passer à la trappe cette question-ci, passant directement à la seconde. Arthur, oui. Ou quand il bosse, c'est sa femme qui s'en charge. Sa femme, ma belle-sœur. Quand il m'avait annoncé qu'il comptait se marier, lui, le tombeur de ces dames, je ne pus me retenir d'éclater de rire. Je ne l'avais jamais imaginé en smoking, se préparant à se faire passer la bague au doigt. Et pourtant, cela faisait cinq ans qu'il avait juré amour et fidélité jusqu'à la mort. Je pourrais y aller moi, quelques fois.. Quand elle dit cela, je me redressai directement, alors avachi contre son meuble, me prenant une des poignées à l'arrière de la tête. Me frottant le crâne, je la regardai. Je suis certain qu'il serait ravi! Il t'adore, tu sais? A la suite de ça, elle me proposa de rester manger ici, chez elle. C'est alors qu'un sentiment de gêne m'envahie. J'avais l'impression de lui avoir mit le couteau sous la gorge en débarquant alors qu'elle préparait à manger. Je ne voudrais pas qu'on dérange. Sans même se retourner, elle répondit : Ne sois pas stupide! C'est trop marrant de voir Franklin à table. Il est vrai que c'était marrant. Du moins, si ce n'était pas tous les soirs, et encore moins lorsque l'on est fatigué. Dans un cas comme celui là, les gens ont tendance à maudire l'énergie du gamin. Je souris alors, et finit par accepter l'invitation. Puis, sans rien dire, je m'approchai d'elle, posant mes mains sur sa taille avant de l'entourrer de mes bras, tentant ainsi une approche par surprise, espérant qu'elle ne m'enverrait pas balader. Après avoir embrasser avec tendresse son cou, je la priais alors de me regarder. J'avais besoin qu'elle se tourne vers moi. Arrêtes! Étonné, je desserrai légèrement mon étreinte, reculant un petit peu. Elle fit alors volte-face et nous nous retrouvâmes alors face à face. Sans que je ne puisse rien dire, Sarah reprit la parole. Tu gagnes toujours. C'est dingue ça ! Est ce que moi quand je t'embrasse dans le cou tu arrêtes de bouder ?! Oui, bon d'accord peut être ! Mais moi j'ai le droit ! Toi t'as pas le droit ! C'est dingue ça. T'es incroyable ! Tout en la fixant, je posai doucement mon index sur ses lèvres. C'était là une de nos plus grandes différences : elle parlait beaucoup, moi presque pas. Sans rien ajouter, je posai alors mes lèvres sur les siennes, en profitant ainsi pour la serrer un peu plus contre moi. Puis, au bout de quelques secondes, je me retirai, plantant mon regard dans le sien. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit d'autre, je pris la parole. Tu sais.. On ne garde pas éternellement un mort en dehors de son cercueil.. Ce vieillard devrait bientôt aller en terre, ce qui signifie que je pourrais, dans pas longtemps, prendre des congés pour qu'on puisse passer un maximum de temps ensemble. Ça te va? Une de mes mains posée dans son cou, je lui souris alors, espérant que cela la calmerait. Après tout, je comptais effectivement à prendre ces congés que je n'avais pas pris depuis un an et demi.